Danser
Moi, quand on me dit "danse", j'ai juste envie de danser!
Alors je me suis levée, et sans musique je me suis mise à tournoyer pour oublier ma tristesse, pour ne pas oublier mon corps, pour célébrer l'espace, pour l'habiter de mes gestes, et pour remplir le présent jusqu'à ce qu'il soit aussi dense / danse qu'un trou noir…
- tourbillonner
- m'étirer
- balancer mes bras comme les branches d'un arbre dans le vent
- les suivre jusqu'au déséquilibre
- m'écrouler, me relever
- laisser l'air se se frayer un chemin, poussé par mon ventre, laisser vibrer mes cordes vocales
- danser sur ces sons
- ressentir l'instant dans toutes ses dimensions, joie d'être vivante
Et puis j'ai peint.
Dieu que l'espace de la feuille est petit, lorsque l'on vient de danser…
Je m'aperçois que le geste de la danse est encore plus libre que celui de la peinture.
Je prends véritablement conscience de cette préoccupation de la trace qu'il y a dans la peinture, même lorsqu'on tente d'être libre. Il faut laisser trace. La danse n'a pas besoin de cela. Elle est fugace. Elle est le vent.
Je prends m'aperçois aussi du fait que la feuille n'est pas un véritable espace, mais un espace symbolique. La danse est directe, im-médiate. La peinture suggère des réalités d'un autre monde, dans le plan symbolique de la feuille de papier. Toutes choses dont je me doutais, mais qui me sautent maintenant à la figure.
Pour être réellement libre, devrai-je me défaire du support et des outils? Pourrai-je trouver une voie pour me sentir vraiment libre, tout en gardant ce rapport au plan, au support, à ces intermédiaires? Dois-je abandonner la trace? Je me perds…
C'est peut-être pour cela que j'ai besoin de la trace: pour me souvenir du chemin par lequel je suis passée.
Alors danser.
Danser sur le papier!