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Le lieu d'où viennent les formes

Publié le par L'atelier d'Annik



J'éprouve ces temps un vif plaisir à tracer lentement. Ce qui me réjouit, c'est que la lenteur du trait ne m'amène pas forcément à vouloir le diriger. Je peux laisser faire, même en douceur. Il ne m'est pas nécessaire de tracer avec colère pour trouver le trait juste. J'apprivoise l'instant, j'apprends à me laisser surprendre par les virages subits de mon outil, sans idée préconçue, même en traçant lentement. Je suis prise par les infimes variations du trait, par ses nuances subtiles qui me ravissent au moment même où elles se produisent, malgré moi.
Comme un chemin qui s'ouvre devant moi, le trait se déroule et me découvre son intention au fur et à mesure que je le suis.
Un vrai bonheur, lorsque cela se produit.

On peut chercher de quoi il parle, ce trait, quelles sont les formes qu'il a tracées, d'où elles émanent (de l'inconscient individuel, collectif)… Oui, on peut.
Pour moi, le plus important, c'est ce qui se joue dans l'instant. Ma capacité ou non d'être présente à moi-même. L'autorisation que je me donne ou non de laisser faire, de suivre ce qu'on peut appeler intuition. Il s'agit de développer mon rapport au monde dans un registre de justesse plus que d'analyse ou d'anamnèse.

Le passé n'existe plus. L'inconscient, vaste tuyauterie qui avale et refoule, n'a de sens pour moi que dans les effets qu'il produit dans le présent.
Ces effets, à mon avis, sont en quelque sorte des effets de forme imprimés ici et maintenant par cette structure construite au gré de nos frottements au monde, dès l'origine, la structure affective.
C'est elle que j'ai plaisir à voir émerger de temps à autre dans mes peintures, dans les répétitions, à travers mon rapport au support et au trait. C'est elle que je consolide, apprivoise et assouplis, en me rapprochant du trait et de la forme justes. C'est elle, que je ne vois pas mais qui me porte lorsque je suis congruente, qui m'oblige à la défensive et à la bagarre lorsque je suis en porte-à-faux.
En épousant ses contours, trait après trait, couche après couche, grattage après grattage, je tente de m'en défendre de moins en moins, de conquérir un espace plus vaste, au-dedans et au-dehors.

C'est là que se construit le sentiment de complétude.
Processus de création
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S
Doucement avec cette lenteur qui rejoint la méditation, sur le papier, j'ai testé. Jamais mon pinceau n'avait parlé ainsi. Merci pour cette expérience.
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L
<br /> C'est là que le partage des expériences est vraiment riche… Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> <br />