Création, l'entre-deux
J'entrevois la suite de ma réflexion sur les processus de création, curieusement amputée d'autrui…
Je me suis jusque-là intéressée au début du processus: comment les forces affectives en moi peuvent, à un moment donné, se condenser sur le support – en l'occurrence le papier – en formes, en lignes, en traces, jusqu'à ce que l'image déposée fasse office de miroir, juste reflet de ce que je vis au moment où je crée.
21.9.09 21 x 29.7 cm |
Je ne me suis jusqu'à maintenant considérée qu'en tant qu'émettrice. Comme si j'allais de toute façon parler dans le vide. Comme si mon attente devait forcément être fantasmatique. Comme si l'Autre n'existait pas… En moi aussi pourtant, spectatrice, lectrice, auditrice, les images statiques, mobiles, mais aussi images de mots, images en sons produites par les autres trouvent parfois écho. Je suis parfois cet Autre, pour quelqu'un d'autre: la preuve est là, que quelque chose passe les frontières de l'individu qui exprime.
C'est comme si une forme, générée par quelqu'un, prenait son envol et allait imprimer la forme affective initiale dans l'autres, quand sa propre structure le permet. C'est assez fascinant. Il me semble que le terme imprimer convient assez bien, et peut rendre compte de différents niveaux de similarité avec l'original, d'imprimer un mouvement à photocopier.
De quoi ces nuances dépendent-elles? De la forme qui s'envole, ou du terreau où elle se pose?
Elles sont probablement fonction de la clarté du propos lors de l'émission, mais aussi de la puissance évocatrice, poétique, de la place laissée par l'auteur à l'imaginaire de l'autre; elles varient également pour partie selon la sensibilité, l'ouverture, la capacité à être é-mu de celui qui reçoit.
Je vois encore un paramètre – et c'est là mon présupposé: celui de la similarité de structure affective entre la personne qui crée la forme et celle qui la reçoit.